Portrait : Toit de Paris : le zinc parisien trouve une nouvelle vie

Constance Fichet-Schulz a fondé il y a trois ans avec sa mère l’entreprise Toit de Paris. À partir de zinc récupéré sur les toits de la capitale, elles créent des objets décoratifs et de la signalétique chargés d’histoire. La société vient de s’installer à Villepinte.

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À l’origine de Toit de Paris, il y a un souvenir d’enfant : un petit morceau du mur de Berlin rapporté à Constance Fichet-Schulz par ses parents. « Cela m’avait fascinée d’avoir un fragment de l’histoire d’une ville à travers un élément tangible », se souvient-elle. De là est née une question : et si l’on pouvait raconter Paris de la même façon ?

Des années plus tard, elle décide de concrétiser ce projet, quitte l’industrie du cinéma dans laquelle elle évolue et se lance avec sa mère Béatrice, graphiste-designeuse, pour créer Toit de Paris. Leur pari ? Récupérer les morceaux de zinc des toits en rénovation pour les transformer en objets ou en panneaux signalétiques qui portent l’âme de la ville.

Les toits en zinc qui couvrent près de 70 % de la capitale et ont vu passé des décennies de pluie, de soleil et de vent, sont une ressource incroyable, de surcroît encore très peu réemployée. « Le zinc a été choisi par Haussmann pour son coût plus avantageux que l’ardoise et pour sa malléabilité. Déployé sur 22 millions de mètre carrés, il est emblématique de Paris et riche d’histoire puisqu’il a passé en moyenne 50 ans sur les toits parisiens », indique Constance Fichet-Schulz.

Une demande de plus en plus forte pour la signalétique

De cette matière brute, Constance et sa mère ont fait des porte-clés, des tableaux de dessins d’arrondissements au design épuré qu’elles proposent sur leur boutique en ligne. Depuis un an, elles développent aussi une gamme de signalétique, sur la demande de l’industrie du bâtiment, qui, engagée dans sa décarbonation, est venue frapper à leur porte.

Concrètement, Toit de Paris rachète à des couvreurs les feuilles de zinc retirées des toits car elles ne sont plus étanches, les nettoie, les identifie et date pour assurer leur traçabilité et les retravaille grâce à ses machines développées en interne pour leur donner une nouvelle vie. « Nous réutilisons le morceau de zinc tel quel, c’est-à-dire que nous ne broyons pas ni ne faisons fondre la matière, ce qui permet de diminuer davantage l’empreinte carbone », souligne Constance Fichet-Schulz.

Aujourd’hui, l’équipe compte quatre personnes et s’est adossée à un groupe pour internaliser la production, accompagner la montée en puissance de l’offre de signalétique et développer son travail de recherche sur d’autres matériaux de couverture peu réemployés : tuile, ardoise… Elle vient d’installer à Villepinte un centre de stockage. « La localisation, proche des aéroports, nous intéressait car elle ouvre des perspectives de développement pour exporter mais aussi pour faciliter l’importation de matière, notamment d’Allemagne où le zinc est largement utilisé », explique la fondatrice.

Valoriser le savoir-faire français

La jeune entreprise a déjà séduit des collectivités, des groupes privés, et même un vaste ensemble de bureaux de 100 000 m² en Île-de-France qui a choisi sa signalétique.

Les visiteurs pourront, au détour d’un café, découvrir l’origine exacte du zinc utilisé via un QR code au dos des panneaux. « Notre souhait est de valoriser les savoir-faire artisanaux français et, on l’espère, créer à terme des emplois liés à la collecte, au tri et à la transformation de ce matériau », confie Constance Fichet-Schulz.

En donnant une seconde vie au zinc, Toit de Paris participe ainsi à une filière où l’économie circulaire rencontre l’artisanat et fait dialoguer passé et futur.

En savoir plus : https://www.toitdeparis.com/