Élodie Seguin : l’avenir est sauvage

Élodie Seguin : l’avenir est sauvage
Cette écologue et botaniste de 42 ans a créé, à Villepinte, Pariciflore, une association de valorisation de la flore sauvage. En plus de vendre des plantes locales bien plus écologiques que celles issues de la production horticole classique, elle sensibilise les populations à leur préservation.
"Pariciflore est née du constat qu’il y avait de moins en moins d’espaces sauvages"
Mauve musquée, Millepertuis perforé, Cerfeuil des bois… Derrières ces noms poétiques, des plantes sauvages souvent méconnues du grand public qu’Élodie Seguin, écologue et botaniste, a choisi de revaloriser en ville.
Après plus de dix ans à occuper différents postes dans des associations de protection de la nature, cette passionnée qui a grandi en Seine-Saint-Denis a créé en 2020, Pariciflore, une association de promotion de la flore sauvage, après avoir été accompagnée par le service création d’entreprise de Paris Terres d’Envol.
« Pariciflore est née du constat qu’il y avait de moins en moins d’espaces sauvages or ceux-ci sont essentiels pour maintenir une biodiversité, explique Élodie Seguin, présidente de l’association. Les plantes sauvages sont des plantes dites indigènes, c’est-à-dire qu’elles existent depuis très longtemps sur un territoire, sont adaptées au sol, au climat local… À la différence des plantes horticoles que l’homme a sélectionnées au fil des générations, qui sont fragiles et ne remplissent qu’une fonction esthétique – pétales parfaits, couleurs éclatantes…, les plantes sauvages sont un support de vie pour la faune locale. »
Une démarche d’avenir
Dans sa pépinière installée sur un terrain d’1ha7 au sein du parc départemental du Sausset à Villepinte, Élodie Seguin fait grandir des milliers de spécimens. Elle les propose ensuite à la vente aux communes pour le fleurissement des villes, aux entreprises du paysage et de restauration de milieux naturels « afin de renaturer des espaces dégradés », en plus de semences qu’elle vend à des particuliers.
Son travail est titanesque : « Il faut identifier et reconnaître les espèces dans des prairies rigoureusement sélectionnées, récolter à la main les graines une fois le fruit mûr selon un cahier des charges strict puis multiplier les espèces récoltées », détaille-t-elle. Pour cela, elle s’est formée, passant dès 2018 un bac de production horticole, et peut compter sur un réseau de bénévoles.
Visionnaire, Élodie Seguin dont la pépinière est la première d’Île-de-France pour les plantes sauvages, a de solides arguments pour convaincre de privilégier les plantes et fleurs locales dans les projets de végétalisation. « Comme elles sont issues du territoire, elles sont totalement adaptées, très résistantes, présentent 100 % de taux de reprise, et n’ont pas besoin d’engrais chimique pour grandir. Choisir des plantes sauvages, c’est soutenir une filière respectueuse en termes d’énergie. Contrairement à la production horticole, nous n’utilisons aucun chauffage, aucun produit phytosanitaire. Et tout est en circuit court : on récolte, on produit et on plante dans la même région. »
Une dimension pédagogique
Autre atout de Pariciflore : son envie de transmettre ses connaissances au plus grand nombre. Fille de la ville, Élodie Seguin a été initiée au plaisir de mettre les mains dans la terre par sa grand-mère qui avait un jardin. Elle tenait à ouvrir sa pépinière ici, en Seine-Saint-Denis, afin de pouvoir « sensibiliser des populations souvent carencées en espaces naturels. » Concrètement, la pépinière est accessible les mercredis après-midi à tous ceux qui souhaitent aider ou apprendre. Des ateliers pour les enfants sont prévus et les nouveaux bénévoles qui souhaitent récolter sont les bienvenus.
Après trois ans d’existence, mais seulement deux ans d’ouverture en raison de la crise du Covid-19, Pariciflore a déjà réussi à fédérer un réseau d’une cinquantaine de bénévoles et grandit pas à pas. « Je vais pouvoir me salarier cette année et recruter mon premier salarié », indique Élodie Seguin.
Forte de son site internet et de son catalogue en ligne recensant toutes les espèces sauvages qu’elle propose, l’association veut continuer à convaincre les collectivités du territoire de faire le choix des plantes locales et marquer ainsi leur engagement écologique.
Site internet : pariciflore.fr